Un article récent du Globe and Mail a tenté de démontrer avec force que l’énorme croissance de l’investissement passif fausse les marchés et crée des risques imprévus pour les investisseurs.
L’article affirme que les fonds communs de placement et les fonds négociés en bourse qui suivent passivement les indices évincent de plus en plus les fonds gérés activement et faussent la valeur des marchés qu’ils sont censés suivre.
Il affirme également que parce qu’ils achètent et vendent des paniers d’actions, les fonds communs de placement indiciels et les FNB augmentent la corrélation boursière, réduisant ainsi les avantages de diversification de l’investissement passif et augmentant la volatilité.
Selon l’article, la volatilité est particulièrement évidente en cas de repli sévère du marché, comme celui que nous venons de vivre, car les fonds passifs « sont obligés de vendre sans discrimination les composants sous-jacents du fonds indiciel ou du FNB, quel que soit le secteur ou les fondamentaux de l’industrie. »
Ce n’est que le plus récent chapitre d’un débat de longue haleine sur l’impact de l’investissement passif sur les marchés. Malheureusement, l’article du Globe, comme d’autres de son acabit, fait plusieurs affirmations qui ne résistent tout simplement pas à l’examen.
L’auteur souligne à juste titre que l’investissement passif repose sur l’efficacité des marchés, garantissant que les cours des actions reflètent toutes les informations disponibles sur le marché. Les gestionnaires et les analystes actifs rendent les marchés efficaces en examinant et en échangeant constamment les actions.
Cependant, il n’y a pas de pénurie de personnes faisant exactement cela. Des énormes fonds souverains, fonds de pension et de dotation aux gestionnaires de fonds communs de placement actifs, il y a plus qu’assez de personnes qui étudient les cours des actions pour maintenir l’efficacité des marchés.
Selon une étude de PWL Capital, seulement 12% du total des actifs détenus dans des fonds communs de placement et des FNB canadiens sont gérés passivement. Aux États-Unis, la proportion est de 39% et au niveau mondial, 27%.
Une autre indication que la gestion active des placements demeure saine est le nombre d’analystes financiers agréés qui sont recrutés chaque année. Le nombre de membres du CFA Institute est passé à 178 000 dans le monde au cours de l’exercice 2019, contre 135 000 cinq ans plus tôt.
Il n’y a également aucune preuve à l’appui de l’idée que l’investissement passif augmente la volatilité du marché, comme le démontre cet article de PWL (en anglais). L’indexation est la plus populaire aux États-Unis, mais la volatilité du S&P 500 est restée dans une fourchette de 10% à 20% depuis 1970.
Enfin, l’idée que les ETF augmentent la corrélation entre les actions est également sans fondement. Si tel était le cas, nous verrions un écart beaucoup plus étroit entre les actions les plus performantes et les moins performantes du marché à mesure que la popularité des FNB augmentera. Pourtant, les données ne le montrent pas. Au lieu de cela, une analyse de la dispersion transversale des rendements, une mesure de la variabilité des rendements des actions, montre que les actions ne sont pas devenues plus étroitement corrélées entre elles au cours des dernières années, malgré la hausse des FNB.
Nous avons déjà vu les arguments dans l’article du Globe and Mail. Ils proviennent généralement de gestionnaires de placements qui perdent des parts de marché et ne peuvent plus facturer les frais exorbitants (en anglais) qu’ils avaient autrefois. Malheureusement, les arguments manquent de rigueur et de preuves pour les étayer.